Typographie, fonte, police, glyphe, caractère… qui est qui ?

J’entends souvent des erreurs de langage concernant ces différents termes, surtout en ce qui concerne la typographie (ou la typo). En général, je laisse passer parce que je comprends ce que mon interlocuteur veut dire. Même sur le web, ce n’est pas évident de s’y retrouver… Je reprends ici quelques définitions glanées çà et là, et modifiées pour (j’espère) une meilleure compréhension. 

Qu’est-ce que la typographie ?

La typographie est à l’origine l’art d’assembler des caractères mobiles afin de créer des mots et des phrases et de les imprimer. Cette technique a été mise au point vers 1440 par Gutenberg, qui n’a pas inventé l’imprimerie à caractères mobiles mais un ensemble de techniques conjointes : les caractères mobiles en plomb et leur principe de fabrication, la presse typographique, et l’encre grasse nécessaire à cet usage.

La typographie, par extension, est la technique d’impression qui utilise le principe du relief, comme les caractères mobiles en plomb et en bois, mais aussi les images en relief, d’abord gravures sur bois puis clichés en métal et en photopolymère. La typographie a été pratiquement la seule forme d’impression jusqu’au xxe siècle, où elle a été remplacée par l’offset, lui-même issu de la lithographie inventée au début du xixe siècle. L’impression typographique existe encore pour des travaux artisanaux à tirage limité ainsi que pour la découpe, l’embossage et l’estampage.

La typographie est aussi l’art et la manière de concevoir et de se servir des caractères : choix de la police, choix de la fonte et de la mise en page, indépendamment de la technique de publication (impression, affichage sur écran, etc.). Actuellement, la typographie en tant que technique est devenue marginale, mais pratiquement, elle est appliquée par chaque utilisateur d’ordinateur et est devenue universelle. 

Une imprimerie au xve siècle
Une imprimerie au xve siècle
Des caractères en alliage de plomb
Des caractères en alliage de plomb
Image de lignes de caractères en plomb alignés par le typographe
Le typographe alignait les caractères les uns après les autres, ligne par ligne

Police, glyphe, fonte et caractère

Un glyphe est un dessin particulier d’un caractère dans une certaine police. Le « Z » d’Arial est un glyphe et le « Z » d’Helvetica est un autre glyphe (même s’ils se ressemblent).

Une police (police de caractères, police d’écriture ou encore famille de caractères) est un ensemble de glyphes d’une même famille, regroupant tous les corps et graisses de cette même famille. Arial est une police de caractères.

Une fonte de caractères est un ensemble de glyphes d’une même police de caractères, de même style, corps et graisse. 

Donc :

  • Helvetica est une police de caractères 
  • Helvetica bold 10 points est une fonte
  • Helvetica bold 12 points est une autre fonte
Tableau représentant la différence entre police de caractères, fontes et glyphes

Un caractère est une petite pièce, généralement en plomb, destinée à recevoir de l’encre grasse avant d’être pressée sur un support (en papier) pour y laisser son empreinte.

Style de caractère

La graisse est l’épaisseur d’un caractère. En augmentant la graisse d’un caractère maigre, on obtient un caractère demi-gras, puis gras, et ainsi de suite. Les logiciels de traitement de texte utilisent le terme « bold ».

Le romain (ou écriture romaine) est une fonte de caractères dont les caractères sont droits, par opposition à l’italique. L’écriture typographique romaine date des années 1465, lorsque l’imprimerie arrive en Italie. Les Italiens, n’employant pas de caractères gothiques, créèrent des polices de caractères inspirées de leur écriture manuscrite.

L’italique est le nom de la graphie cursive inclinée vers la droite. Elle s’oppose à la graphie en romain dont les caractères sont droits. À défaut d’italique, ou dans un texte manuscrit, on souligne normalement tout ce qui devrait être en italique. L’italique n’est pas simplement un changement d’angle (ou d’inclinaison) du caractère, c’est aussi une modification du dessin (glyphe) de celui-ci, comme le « a » en roman et le « a » en italique. 

Différence entre le a en romain et en italique

Le soulignement (ou soulignage) est une modification typographique constituée d’une ou plusieurs lignes horizontales sous un texte. Dans une écriture manuscrite ou à la dactylo, il sert surtout à mettre l’accent sur certains passages d’un document. Personnellement, j’utilise très peu le soulignement. Il peut être aisément remplacé par un autre attribut.

Une ligature est la fusion de deux ou trois caractères d’une écriture pour en former un nouveau, considéré ou non comme un caractère à part entière. En on trouve dans les mots bœuf, œnologie, effilé, curriculum vitæ… Attention : certaines fontes ne proposent pas de ligatures.

Les principales ligatures
Les principales ligatures

En anglais : font et typeface

Le terme « fonte » vient du fait que les premières fontes de caractères étaient faites d’un alliage de plomb et d’antimoine fondu afin de reproduire plusieurs caractères identiques à partir d’un moule unique. Aujourd’hui, on confond souvent fonte et police, notamment dans l’informatique. La confusion est accentuée par le fait qu’en anglais on emploie aussi majoritairement le terme font (« fonte ») au lieu de typeface (« police »).


Voici quelques sites (liste non exhaustive) qui proposent des polices à télécharger (gratuites ou payantes) :


One Reply to “Typographie, fonte, police, glyphe, caractère… qui est qui ?”

  1. François-Marie dit : Répondre

    Le soulignement ne devrait JAMAIS être utilisé avec un ordinateur, car il n’est pas nécessaire. Il existe tous les autres moyens (majuscules, gras, italique, voire même la couleur) pour mettre en évidence. Sur une machine à écrire, c’était le seul moyen pour différencier. Et, comme tu l’écris, quand c’était typographié, ce qui était souligné était transformé en italique (par exemple, les titres des livres dans des bibliographies). Pour ceux qui écrivent encore à la main, souligner a encore du sens bien entendu.

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